A PROPOS DES
CORONAVIRUS
( sources : Le Club du
Chat Siamois )
LES CORONA VIRUS DU
CHAT
Par le Dr J.-J.
MALERGUE
Docteur Vétérinaire
Les Corona Virus sont
des maladies du chat dues à une famille de virus :
-
Avec, d’une part,
une maladie bénigne qui se traduit par une simple entérite ou
bien un phénomène de portage asymptomatique.
-
Et, d’autre part,
une entité beaucoup plus dramatique : la PIF (Péritonite
Infectieuse Féline).
L’ambiguïté du
problème repose sur le fait qu’un même virus « en apparence » est à
l’origine de deux problèmes pathologiques très différents l’un de
l’autre, et que, pour ces deux maladies très différentes, l’agent
responsable dans les deux cas a un code antigénique absolument
identique.
La forme
digestive
Elle s’accompagne de
diarrhée à laquelle peuvent être associés des vomissements. Un
traitement associant pansements digestifs et antibiotiques est, dans
la majorité des cas, suffisant. Si ces troubles digestifs
s’accompagnent de déshydratation, il peut être nécessaire, dans les
cas les plus graves, de réaliser une réhydratation par voie
veineuse.
Dans la majorité des
cas, ces troubles digestifs conservent un caractère banal, sans
gravité et rétrocédant facilement. Le diagnostic repose sur la mise
en évidence du virus dans les selles par des tests Elisa ou PCR.
La PIF
Cette maladie
d’actualité est à l’origine de difficultés diagnostiques,
thérapeutiques et prophylactiques. Elle peut être un facteur
limitant à l’élevage félin et peut représenter une gêne lors des
transactions dans l’espèce féline.
Virologie
La PIF est une maladie
virale provoquée par un Corona Virus qui est très proche
génétiquement du Corona Virus responsable d’entérites. C’est par
mutations successives du virus responsable de l’entérite que le
Corona Virus acquiert un pouvoir pathogène qui pourra être
responsable de la PIF. Ces deux virus (ceux responsables de
l’entérite et ceux responsables de la PIF) sont tellement proches
sur le plan antigénique qu’aucune méthode sérologique en l’état
actuel ne peut les distinguer.
La contamination du
Corona Virus se fait par voie orale (salive, selles). Les
désinfectants usuels détruisent le virus. Le virus est excrété dans
la salive et les selles. Un chat séropositif sur trois excrète du
virus. Les malades ne sont plus excréteurs.
A l’heure actuelle,
nous ne sommes pas en mesure de faire le distinguo entre un Corona
Virus responsable d’un problème banal et un Corona Virus à l’origine
de la PIF.
Facteurs
prédisposants
Les chats de tout âge
peuvent déclarer la maladie, surtout les jeunes (de 3 mois à 3 ans),
et âgés (au-delà de 10 ans).
Les chats vivant en
communauté (refuges, élevages, garderies, magasins) sont plus
facilement contaminés. Aux USA, 25% des chats de particuliers sont
séropositifs, 95% dans les élevages.
Toute souche de Corona
Virus actuellement est potentiellement capable après mutation
d’induire une PIF.
C’est le facteur
prédisposant le plus important (changement de propriétaire,
chirurgie, gestation, maladies concomitantes, expositions). Dans une
étude : les chatons morts de PIF ont eu un changement de
propriétaire ou une chirurgie un à deux mois avant.
Prédisposition
génétique : certaines lignées seraient plus sensibles.
Infection par d’autres
virus : FIV, FelV, calicivirus Herpès, favoriseraient la
multiplication du Corona Virus.
Médicament : Les
progestatifs (pilule) favoriseraient la PIF.
Les
symptômes de la PIF
La clinique est au
début peu spécifique : « le chat est malade »… : anorexie,
amaigrissement, léthargie, fièvre élevée supérieure à 40°, et qui
dure de 5 à 7 jours, voire plusieurs semaines, et qui ne répond pas
aux antibiotiques, sont les signes les plus « caractéristiques ».
La maladie progresse,
l’état général se dégrade, souvent accompagnée d’anémie et de
déshydratation au fur et à mesure de l’évolution.
On distingue 3
formes : la forme humide, la forme sèche, et la forme intestinale et
nodulaire, qui est beaucoup plus rare.
A la suite d’inflammation de certains
vaisseaux sanguins, il y a une fuite de protéine du plasma sanguin
vers les grandes cavités (thorax, abdomen, péricarde). Avec le
temps, se développe une ascite accompagnée d’une maigreur
importante.
Selon le type des
organes internes atteints (foie, pancréas, intestin,
ganglions mésentériques, des symptômes secondaires apparaissent :
ictère, diarrhée, vomissement. Quand l’épanchement affecte la cavité
thoracique, celui-ci s’accompagne de dyspnée et d’intolérance à
l’effort. Il est visible à la radio et à l’échographie.
Cette forme est beaucoup plus
difficile à appréhender, elle est en effet plus spécifique
d’organes, tels que :
Généralement
une uvéite antérieure avec myosis ou précipités
kératiques, hémorragie
oculaire sur le segment postérieur de l’œil. C’est essentiellement
la rétine qui est touchée avec des hémorragies et des taches
péri-vasculaires.
Cela peut se
manifester par des crises de convulsions, des tremblements de la
tête, un nystagmus, le fait de tourner en rond, une hyperesthésie,
des paralysies ascendantes progressives, des incontinences
urinaires.
Néphrites
pyogranulomoteuses, apparition de granulomes inflammatoires à la
surface du rein, une insuffisance rénale s’installe avec polyurie,
polydypsie (soif) et urée.
Une forme
pyogranulomateuse peut là aussi exister avec hépatomégalie, ictère,
insuffisance hépatique, polydypsie, vomissements.
-
LA FORME
INTESTINALE NODULAIRE
Récemment
décrite, surtout chez les jeunes (50% chez les moins de un an),
cette forme se manifeste par des diarrhées, des vomissements
chroniques, la présence d’une masse intestinale. Il s’agit de
pyogranulomes situés dans la paroi de l’intestin à la jonction
iléocécale avec une hypertrophie du ganglion mésentérique
impossible à
différencier des lésions du lymphosarcome. Seule
l’histologie permet de
faire la différence. Après quelque temps, cette forme évolue vers la
forme humide.
Quelle que soit la
forme de la PIF, elles évoluent toutes vers la mort de l’animal.
Diagnostic
95% de la population
féline d’une communauté de chats est porteur de Corona Virus. Ainsi,
il faut arrêter immédiatement de dire qu’un chat malade séropositif
vis-à-vis du Corona Virus est atteint de la PIF.
Il est clair que le
dépistage des anticorps vis-à-vis du Corona Virus n’est pas
significatif.
La démarche
diagnostique rigoureuse est alors complexe.
Le clinicien devra
accumuler un certain nombre de critères pour pouvoir affirmer que le
chat est atteint de PIF (voir tableau en annexe).
La forme humide est
généralement suffisamment évocatrice. Les formes sèche et nodulaire
peuvent susciter un examen histo-pathologique.
La
prévention
La vaccination
n’existe pas en France.
Des mesures peuvent
être prises au sein des élevages :
-
Répartition en
petits groupes
-
Hygiène rigoureuse
-
Chatons isolés
avec leur mère (séparés du groupe)
-
Séparation précoce
des chatons d’avec leur mère (cinq semaines)
-
Evaluation du
risque sur les mères ayant donné naissance à plusieurs chatons
qui ont développé la PIF (contrôles PCR sur des frottis rectaux
pour évaluer le taux d’excrétion, et, le cas échéant,
stérilisation de cette femelle).
Est-il absolument
nécessaire d’avoir des chatons séronégatifs ?
Si ces chatons vivent
isolés, oui. Si ces chatons doivent rencontrer d’autres chats
éventuellement porteurs, les chatons séronégatifs seront plus
sensibles et risquent de développer une PIF.
Chaque mesure doit
être prise en fonction de l’élevage.
Conclusion
Un chat séropositif
vis-à-vis du Corona Virus n’est pas forcément un chat atteint de
PIF. A contrario, un chat atteint de PIF est obligatoirement porteur
du Corona Virus.
Le diagnostic de PIF
ne passe pas par le dépistage du Corona Virus mais par un examen
clinique complet associé avec des examens complémentaires
hématologiques et biochimiques.
La confirmation
scientifique de PIF ne passe que par des examens histologiques en
post-mortem malheureusement.
Aujourd’hui, nous
devons retenir de tout ceci que le dépistage seul de Corona Virus
est une fausse piste qui conduit malheureusement à bien des erreurs
vis-à-vis des chats malades.
CORONAVIRUS ET PIF
DANS L’ELEVAGE FRANÇAIS
Par E. MEUNIER Président du
Club
Il convient en premier
lieu de ne pas confondre le Corona Virus et la PIF (Péritonite
Infectieuse Féline) qui, même s’ils sont liés, sont tout à fait
différents l’une de l’autre, puisque le premier n’a pratiquement
aucune incidence sur la santé de nos chats alors que l’autre est
pour l’instant incurable et donc mortelle. Il faut donc, avant de
pouvoir comprendre leurs mécanismes et les précautions effectuées
par les éleveurs, bien lire l’article de notre ami vétérinaire le
docteur J.-J. MALERGUE.
Il faut savoir
qu’un chat atteint de Corona Virus n’est en aucun cas malade, il vit
de manière tout à fait normale et n’est sujet à aucun trouble durant
toute son existence, si ledit Corona Virus ne provoque pas une
entérite simple très facile à soigner ou ne mute pas en PIF.
Que faire vis-à-vis
du Corona Virus à l’élevage
Deux écoles
s’affrontent, la première est pour le «aucun Corona Virus» et la
seconde pour le «tout Corona Virus».
L’avantage du «aucun
Corona Virus» est qu’en effet, si le Corona Virus n’est pas présent
à l’élevage, et si les mesures d’hygiène consistant à ce que la
chatterie ne puisse en aucun cas être contaminée (locaux de
quarantaine, aucun contact extérieur, désinfection avant chaque
entrée dans les locaux….), aucun chat, tant qu’il restera dans ce
milieu hyper protégé, ne pourra attraper la PIF. L’inconvénient,
outre le fait de produire des chats à l’immunité imparfaite pour
toute maladie (puisque n’étant en contact avec aucun virus, ils
n’ont pas pu développer leur immunité), est qu’un chat Corona Virus
négatif, s’il est mis en contact avec le virus, a 90% de risques de
développer une PIF.
Le but de
l’élevage, en plus de faire pousser avec amour les chatons, est de
trouver une famille qui fera leur bonheur en échange du sien. Or,
aucun particulier ne peut prendre des mesures d’hygiène aussi
draconiennes que celles décrites précédemment. Par contre, l’éleveur
est sûr que la PIF ne pourra pas se développer chez lui, ni dans le
délai légal d’incubation de 21 jours, se couvrant ainsi légalement
contre toute réclamation de l’acheteur. Je préfère ne pas porter de
jugement sur cette méthode…..
De plus, 95 % du cheptel français
étant atteint de Corona Virus, il semble utopiste de vouloir
conserver un cheptel négatif, car toute nouvelle introduction d’un
animal est à ce moment là périlleuse, d’autant plus que la fiabilité
des tests Corona Virus n’est pas absolue, et que des chats peuvent
être déclarés à tort négatifs. Une des solutions est de fonctionner
en «circuit fermé », ce qui consiste à pratiquer outrageusement la
consanguinité, qui est elle-même un fléau.
Pour ce qui est du
«tout Corona Virus», le but est exactement l’inverse de celui décrit
précédemment, à savoir développer une immunité chez les chatons et
réduire le risque de PIF lorsque le chaton trouve sa nouvelle
demeure. Il faut savoir que le taux de PIF chez le chat de race, en
France, est de 5% en moyenne. L’inconvénient est que le chaton peut
développer une PIF à l’élevage et donc en mourir ; il peut également
être vendu en phase d’incubation de cette maladie sans qu’il y ait
de signe apparent, et mourir de cette maladie dans le délai légal de
21 jours, mettant en cause la responsabilité de l ‘éleveur et
provocant l’incompréhension des acquéreurs qui rendront souvent
l’éleveur responsable de cet état de fait.
Il faut se souvenir
que, fort heureusement, la PIF est une maladie auto-immune qui se
développe par différents facteurs, mais qui n’est en aucun cas
contagieuse. Donc pas de risque « d’élevage où il y a la PIF » comme
on l’entend trop souvent de la part de vétérinaires incompétents (et
oui, ça existe, surtout pour le chat).
Vous l’aurez compris,
je suis un adepte du «tout Corona Virus». En effet, les risques de
PIF en sont réduits pour le chat et le pourcentage d’environ 5%
d’échec qui est hélas pour l’instant incontrôlable fait partie
intégrante de l’élevage. Pour la famille d’accueil, il n’est pas
toujours facile de comprendre ces contraintes, c’est à l’éleveur de
les lui expliquer.
La PIF et les
professionnels
Remettons le problème
dans son contexte. Comme vous l’aurez compris, dans un élevage, soit
aucun chat n’est porteur de Corona Virus, soit ils le sont quasiment
tous… Le choix appartenant à l’éleveur.
Autre point à prendre
en compte : le récent développement du chat de race en tant
qu’animal de compagnie. L’étude et la recherche sérieuse sur les
maladies des chats ne sont que très récentes (moins de 10 ans). Il y
a encore peu, pour des raisons financières (manque de clientèle),
les laboratoires ne se penchaient pas sur la question.
Hélas, il en est de
même pour un grand nombre de vétérinaires qui parlent à tort et à
travers de PIF, lorsqu’ils n’arrivent pas à poser un diagnostic
certain sur une maladie féline. Le summum consistant à dire « votre
chat a la PIF », alors qu’ils ont fait un simple test de Corona
Virus. Il convient donc d’être prudent lorsqu’on parle de PIF, car
aucun examen du vivant du chat ne permet de se prononcer
définitivement. Seule une présomption peut être envisagée.
Heureusement, aujourd’hui de plus en plus de professionnels se
documentent sur la question et certains vétérinaires sont mêmes
devenus des spécialistes du chat.
Il existe également de
nombreux éleveurs qui manquent cruellement de connaissances face à
cette maladie, et qui ont tendance à diffuser des préjugés qui n’ont
rien à voir avec la réalité. Ces « ragots » entretiennent la
psychose et remettent en cause la culpabilité de chacun alors que
cette maladie est pour l’instant un fléau naturel dont nul ne peut
être tenu pour responsable individuellement.
Dernier point : la
législation. Je vous invite à lire l’article sur la loi régissant
les garanties légales en cas de PIF, aimablement rédigé par Mme
Ch.AMISSE. Le Corona Virus ne rentre pas dans ce contexte puisqu’il
n’engendre aucun problème de santé.
Relations Eleveur
et Famille d’accueil en cas de PIF
Rappelons les
différents facteurs pouvant engendrer une PIF. Celle-ci peut se
développer principalement suite à un stress, comme le premier
voyage, des conditions de vie anormales, des maltraitances,
volontaires ou non … Il existe d’autres facteurs, tels que des
traitements à base de cortisone ou des suites de maladies mal
soignées….
Lors d’un décès
provoqué par la PIF, il faut tout d’abord prendre en compte que les
chats ne sont pas des machines à laver, et qu’en dehors du cadre
légal, il y a toujours quelque chose à faire.
En premier lieu de la
part de la famille d’accueil, il ne faut pas incriminer l’éleveur et
le prendre pour un sans-cœur. Car l'’éleveur n’est pas ce monstre
insensible qui se contente de « vendre des chats ». NON, l’éleveur
est celui qui a suivi la chatte durant sa gestation, l’a aidée à
mettre ses petits au monde, et a suivi l’état de santé physique et
moral de tout ce petit monde. Alors prenez également en compte sa
peine lorsqu’un chaton qui est né chez lui décède de cette terrible
maladie.
Ensuite, il
convient d’essayer de chercher, conjointement avec le vétérinaire
et l’éleveur, les causes ayant pu engendrer cette PIF, afin de ne
pas reproduire un contexte qui pourrait favoriser de nouveau cette
maladie.
L’éleveur, en dehors
des délais légaux, où il est en plus tenu à un remboursement, se
doit d’aider moralement la famille du chat, en la soutenant dans sa
peine, en lui expliquant clairement ce qu’est la PIF, et en l’aidant
dans son parcours, aussi bien administratif que psychologique.
A ce sujet, je tiens à
vous faire part d’expériences vécues.
Un chaton issu d’un
élevage est décédé de PIF en 2003. Après en avoir discuté avec les
propriétaires, l’éleveur a appris que le vétérinaire, qui avait
pratiqué un vaccin de leucose, en avait profité pour refaire un
rappel complet de vaccination, alors que le chaton était déjà
entièrement vacciné depuis un mois (il n’y a pas de petit profit).
Or la sur-vaccination est très dangereuse. De plus, ce vétérinaire,
qui avouait avoir peur des chats, avait été violent au moment de
l’injection au point que le chaton était resté 3 jours à boiter de
la cuisse ayant subi l’injection.
L’éleveur a refusé
tout compromis et toute autre vente à cette personne si elle
persistait à garder le même vétérinaire.
Un autre exemple : des
personnes ayant perdu un chat de maladie (on ne sait pas laquelle)
se portent acquéreurs d’un chaton dans un élevage. Deux mois plus
tard, ce chaton déclenche une PIF. Sans obligation de sa part, mais
pour faire plaisir aux enfants, l’éleveur donne un autre chaton, lui
aussi en parfaite santé au moment de son départ de l'élevage. Il se
trouve que ce troisième chaton a également déclenché une PIF dans
les mois suivants. Il est là évident qu’un facteur de stress
important était présent chez ces personnes pour perdre trois chats
en moins d’un an dont deux d’une PIF avérée, la mort du premier
restant un mystère.
Nous avons également
eu au sein du Club des plaintes de la part de personnes ayant acheté
des chats présentant tous les symptômes pouvant faire penser à une
PIF, et ce dès l’achat. Il va donc de soi qu’il convient pour tout
particulier, avant d’acquérir un chaton, de prendre les précautions
nécessaires afin de s’adresser à un éleveur digne de ce nom. Et,
bien entendu, de ne pas prendre un chaton qui soit manifestement
malade. Toutefois, un chaton peut avoir une maladie bénigne au sein
de l’élevage. Il convient pour l’acquéreur de se montrer patient, et
d’attendre que le chaton soit complètement guéri avant de l’adopter.
Ces exemples sont là
pour vous montrer à quel point il est important d’analyser les
causes possibles qui ont pu déclencher la PIF, afin que cela ne se
reproduise pas.
Conclusion
Quoi qu’il en soit, la
PIF pour l’instant en France est un fléau qui tue environ 5% des
chatons de race (et sûrement autant, voire plus, pour les chats sans
pedigree). Et cela ni les éleveurs, ni les maîtres, ni les
vétérinaires ne peuvent rien y faire.
L’espoir vient du fait
que le marché médical du chat de race est en pleine expansion. Les
laboratoires se penchent donc sur la question et l’on peut espérer
des progrès dans les années à venir. Il existe actuellement dans
certains pays des vaccins qui, pour l’instant, n’ont pas fait leurs
preuves et s’avèrent même dangereux. Ils sont d’ailleurs interdits
en France.
Bien que, pour
l’instant, la PIF soit inéluctable, et que personne en particulier
ne puisse être rendu responsable du décès d’un chat par cette
maladie, nous pouvons toutefois prendre quelques mesures pour
essayer de créer un contexte le plus favorable possible. Le recul du
risque passe par la symbiose entre les trois partenaires qui
traverseront la vie du chat.
- L’éleveur
se doit de pratiquer des méthodes d’élevage telles que décrites
dans l’article du Dr Jean-Jacques MALERGUE.
- Le
propriétaire doit apporter le meilleur cadre de vie possible à
son chat en lui évitant tout stress inutile.
- Le
vétérinaire doit être choisi par le propriétaire sur ses
compétences en matière féline et son amour pour l’espèce.
En tout état de cause,
c’est en parlant de la PIF et en échangeant les points de vue et
expériences de chacun que nous pourrons faire avancer la lutte
contre ce fléau.
En espérant que ces
informations vous aideront à mieux comprendre cette maladie et que
c’est tous unis, maîtres, vétérinaires et éleveurs, que nous
lutterons le mieux contre elle.
ASPECTS JURIDIQUES
DE LA PIF
Par Ch. AMISSE
D’un point de vue
purement juridique, les ventes de carnivores domestiques, dont font
partie nos compagnons les chats, sont régies par le Code Rural,
notamment le décret n°90-572 du 28 juin 1990 et l’arrêté du 2 août
1990, qui définissent un cadre légal à ces transactions, et dressent
la liste des vices rédhibitoires et les critères d’établissement
d’un diagnostic de suspicion pour les maladies du chien et du chat.
Chez le chat, les
maladies constitutives de vices rédhibitoires sont les suivantes :
- La leucopénie
infectieuse féline
- La péritonite
infectieuse féline
- L’infection par
le virus leucémogène félin.
Avant d’aller plus
loin, il convient de définir rapidement le vice rédhibitoire ? C’est
un « défaut caché de la chose vendue (sachant qu’aux yeux de la loi,
les animaux domestiques sont considérés comme des « choses », des
biens meubles) qui peut constituer un motif d’annulation de la
vente ».
Nous allons traiter
plus spécifiquement ici de la péritonite infectieuse féline, ou PIF,
qui entre dans le cadre des vices rédhibitoires tels que définis par
le Code Rural.
Que dit le Code
Rural ?
Article R213-2 :
Sont réputés vices
rédhibitoires, pour l'application des articles L. 213-1 et L. 213-2
et donnent seuls ouverture aux actions résultant des articles 1641 à
1649 du code civil, sans distinction des localités où les ventes et
échanges ont lieu, les maladies ou défauts portant sur des chiens et
des chats :
(…)
2º Pour l'espèce féline :
a) La leucopénie infectieuse ;
b) La péritonite infectieuse féline ;
c) L'infection par le virus leucémogène félin ;
d) L'infection par le virus de l'immuno-dépression.
Article R213-6 :
Dans les cas de maladies
transmissibles des espèces canine ou féline, l'action en garantie ne
peut être exercée que si un diagnostic de suspicion signé par un
vétérinaire a été établi selon les critères définis par arrêté du
ministre chargé de l'agriculture et dans les délais suivants :
(…)
4º Pour la leucopénie infectieuse féline : cinq jours
5º Pour la péritonite infectieuse
féline : vingt et un jours
6º Pour l'infection par le virus
leucémogène félin : quinze jours.
Voici maintenant un extrait de
l’arrêté du 2 août 1990 fixant les critères d’établissement d’un
diagnostic de suspicion pour les maladies du chien et du chat :
« Le Ministre de l’Agriculture et de
la Forêt… Arrête :
Article 1 - Pour les maladies du chien
et du chat visées à l’article 285.1 du code rural, un diagnostic
clinique de suspicion peut être porté sur la base d’un tableau
clinique fortement évocateur, relevé et consigné par un vétérinaire
ou un docteur-vétérinaire.
A cette fin, les critères énumérés
ci-après sont plus particulièrement recherchés.
(…)
Chez le chat :
(…)
b) Péritonite infectieuse féline :
hyperthermie persistante, épanchement péritonéal, épanchement
pleural, uvéite, symptômes nerveux.
(…)
Article 2 – Un diagnostic de suspicion
pour les maladies du chien et du chat visées à l’article 285.1 du
code rural peut également être porté à la suite d’un examen de
laboratoire (…).
En pratique et en clair, que
signifient ces textes en ce qui concerne plus spécifiquement la
PIF ?
Délais :
Le législateur estime que l’éleveur
est tenu pour responsable d’une PIF qui se déclare dans les 21 jours
suivant la date d’achat du chat, et que l’acheteur bénéficie d’un
délai de trente jours après la vente pour faire valoir ses droits,
par lettre recommandé, dans le cadre d’une action en annulation de
la vente (pour vice rédhibitoire).
Concrètement, en cas de suspicion de
PIF par le vétérinaire de l’acheteur, ce praticien doit établir dans
ce délai de 21 jours un certificat dressant un bilan clinique aussi
détaillé que possible des éléments lui faisant envisager
l’éventualité d’une PIF. Important : un simple test Corona Virus
positif n’est pas constitutif d’une suspicion de PIF. De même, il
convient de se rappeler que le diagnostic scientifique de PIF ne
peut être établi de façon certaine que post-mortem (voir l’article
du Dr MALERGUE).
Les
devoirs de l’éleveur :
Si malheureusement le diagnostic de
PIF est confirmé par le décès du chaton, l’acquéreur dispose donc
d’un délai de trente jours après l’achat pour demander
officiellement le remboursement intégral du prix du chaton.
L’éleveur (qu’il s’agisse d’un particulier ou d’un professionnel) se
doit de rembourser l’acquéreur, et non de proposer un autre chaton
en « échange ». Libre à l’acquéreur, s’il le souhaite, de racheter
un autre chaton chez le même éleveur, mais il doit y avoir au
préalable un remboursement, le vice rédhibitoire avéré annulant
purement et simplement la vente.
Sauf mention contraire au contrat, ou
accord écrit préalable de l’éleveur, ce dernier n’est pas tenu à
vous rembourser les frais de soins ou d’examens ayant permis de
poser le diagnostic de la PIF.
Les
devoirs de l’acquéreur :
Pour obtenir l’annulation de la vente
et donc le remboursement du prix d’achat, l’acquéreur doit bien
évidemment apporter à l’éleveur toutes les preuves nécessaires, à
savoir : le certificat de suspicion dont j’ai parlé plus haut, mais
aussi un certificat de décès du chaton (mort naturelle ou
euthanasie) ainsi que les examens histologiques pratiqués
post-mortem par un laboratoire habilité.
Il convient également de savoir que,
dans tous les cas, le vétérinaire référant de l’éleveur doit être
informé de l’état de santé du chaton.
Et
lorsque la PIF se déclare plus tard ?
En-dehors des délais légaux, l’éleveur
n’est tenu à aucun remboursement ni à aucun dédommagement, de
quelque nature que ce soit. Toutefois, comme le rappelle E. MEUNIER
dans son article, l’éleveur n’est pas un être insensible, et peut
trouver avec l’acquéreur une solution pour apaiser la douleur.
Il est bien évident que cela ne
dépendra que de la seule relation entre l’éleveur et l’acheteur.
Autrement dit, lorsqu’on souhaite obtenir un « geste » de la part de
l’éleveur (ce peut être, par exemple, un effort consenti sur le prix
d’achat d’un nouveau chaton), il convient de s’adresser à lui non
comme à un coupable, voire à un ennemi, mais comme à une personne
qui est sensible au décès d’un chaton né chez lui, pour, comme le
disait E. MEUNIER, essayer de comprendre ce qui s’est passé, sans se
culpabiliser ni culpabiliser qui que ce soit, afin de ne pas
reproduire une situation douloureuse pour tout le monde (acquéreur
ET éleveur).
En
conclusion…
La
PIF est une maladie « taboue », dont il est difficile de parler
sereinement, car elle est très brutale et inexpliquée.
Le législateur a défini une garantie
rentrant dans un cadre légal très précis, afin de protéger
financièrement l’acheteur. Pour autant, il faut faire la différence
entre « responsabilité » et «culpabilité ». L’éleveur est certes
responsable durant le délai légal. A ce titre, il doit assumer
financièrement la garantie mise en place par le législateur. Mais en
aucun cas on ne peut le tenir pour coupable de quoi que ce soit.
Pour autant, l’acquéreur tout comme
l’éleveur se trouvent dans une situation douloureuse, et chacun se
doit de faire l’effort de comprendre l’autre, et pour le moins de le
respecter, afin de trouver ensemble une solution. De part et
d’autre, le point commun est l’amour des chats, ne l’oublions
pas !!!
Stress et PIF chez le
Chat
Par A. SOULIE Eleveur
Il a été observé que
la plupart des chats exposés au stress, avaient développé une PIF.
Le stress favorisant
la mutation d’un Corona Virus bénin en un Corona Virus pathogène.
Les chats soumis à un
stress 2 à 4 semaines avant l’apparition de la maladie, déclaraient
une PIF humide. Ceux atteints d’une PIF sèche, avaient été exposés à
un stress remontant jusqu’à un an plus tôt.
Les causes de stress
chez chat sont multiples :
- Stress ressenti
par le chaton lors de la rupture avec sa fratrie.
- Changement de
foyer et de maîtres.
- Changements dans
la famille: arrivée d’un bébé, d’un autre chat, d’un chien, d’un
animal agressif.
- Evènements
familiaux perturbants ou dramatiques: déménagement, décès, etc.
- Absence prolongée
des maîtres, mise en pension pendant les vacances.
- Les voyages, les
expositions. La PIF d’expo est médicalement reconnue par les écoles
vétérinaires.
- Les manipulations
brusques lors des visites médicales. Les opérations.
- Le stress
biologique résultant de la maladie, de la gestation, de la mise bas,
de l’allaitement, des chaleurs, saillies ou des traumatismes lors d’accidents.
Il est donc nécessaire de minimiser
le stress chez le chat « positif Corona Virus », en le maintenant
dans un environnement stable et sécurisant.
Sources :
Site © 2000-2004 Dr. Diane
Addie
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